vendredi 26 décembre 2008

Buvez Madison pleure Eartha Kitt


L'artiste qui se décrivait comme «une minette sexy» a succombé jeudi, à 81 ans, à un cancer. Née dans une plantation de coton, la chanteuse de jazz s'était forgée une solide carrière au théâtre et au cinéma.

Celle qu'Orson Wells surnommait «la femme la plus excitante du monde» n'est plus. La chanteuse de jazz Eartha Kitt, dont le classique «Santa Baby» faisait comme à chaque période de fête son grand retour sur les radios, a succombé jeudi, à 81 ans, à un cancer du colon.
Pendant plus de 60 ans sa voix voluptueuse et sa présence sensuelle ont fasciné les foules. Un succès jamais démenti qui témoigne de la persévérance de la chanteuse, qui s'était aussi imposée sur les planches et devant la caméra.
Née en 1927 dans une plantation de coton de Caroline du sud, d'une mère noire Cherokee et d'un père blanc, Eartha Kitt connaît une enfance difficile. La jeune métis est envoyée à l'âge de huit ans vivre à New York chez un oncle à Harlem aux mains duquel elle subira de nombreux mauvais traitements. «Je suis une orpheline. Mais le public m'a adoptée et cela a été ma seule famille», affirmait la chanteuse.

A la fin des années 40, elle est recrutée dans la célèbre troupe de danse de Katherine Dunham et sillonne l'Europe. A 21 ans, elle décroche son premier rôle au cinéma dans «Casbah», un remake musical de «Pépé le Moko». Deux ans plus tard, Orson Wells la choisit pour interpréter Hélène de Troie dans sa mise en scène de «Faust». La reconnaissance du public américain lui vient lorsqu'elle apparaît à Broadway dans la revue «les visages de 1952». «Monotonous», la chanson qu'elle y interprète devient un tube. Sa deuxième incursion sur les planches, «Mrs Patterson», lui vaudra même une nomination aux Tony awards (l'équivalent de nos Molières).
Capable de chanter en 10 langues, elle sort, en 1954, son premier album «RCA Victor Presents Eartha Kitt» qui comprend les classiques «I Want to Be Evil,» «C'est Si Bon» et «Santa Baby». D'autres titres phare suivront comme «I love a man», repris en français avec «Voulez-vous coucher avec moi ce soir», «My Funny Valentine», ou «Where is my man».
Au cinéma, elle partage également la vedette avec Nat King Cole dans «Saint Louis Blues» (1958) et avec Sydney Poitier dans «The Mark of the Hawk» (1957). Se décrivant elle-même comme «une minette sexy», Eartha Kitt prête, en 1967, ses traits à «Catwoman» dans la populaire série télévisée «Batman», une performance maintes fois imitée, jamais égalée. Son parcours éclectique lui vaut d'être l'une des rares artistes à avoir été nominées à la fois pour les Tony, les Grammy (musique) et les Emmy Awards (télévision).

«Je n'ai pas à jouer un rôle. Il me suffit d'être Eartha Kitt. Je veux être là où est Eartha Kitt jusqu'à ce que les dieux m'emmènent là où ils veulent», résumait-elle malicieusement. En 1968, sa carrière s'arrête brutalement. Lors d'un déjeuner organisé par la première dame, Bird Johnson, à la Maison-Blanche, elle se prononce contre la guerre du Vietnam. Jusqu'en 1974, elle est obligée de travailler à l'étranger, classée sur la liste noire des Etats-Unis.

Toujours pleine de vitalité et de sex-appeal, «Kitt», qui avait eu une fille d'un bref mariage, n'a pratiquement jamais cessé de travailler. En 2000, elle avait doublé la flamboyante Yzma du dessin animé Disney «Kuzco l'empereur mégalo». Elle était encore montée sur scène en septembre 2007 à l'occasion de la réouverture du Café Carlyle de New York.

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