lundi 7 septembre 2009

Buvez Madison: Une journée avec Sonia Bressler




Sonia Bressler fait définitivement parti de la bande Buvez Madison et nous fascine beaucoup pour plusieurs raisons:
Son métier est un grand mystère pour nous, sa thèse est de l'épaisseur d'un annuaire, ses talents d'imitatrice sont paraît-il étonnants, elle fait trente six mille choses en même temps (http://kritiks.blogspirit.com/,http://rebelle.blogspirit.com/) le tout en un temps record et ne connaissait pas, il y a encore quelques mois, l'existence de Paris Hilton.
Bref nous l'aimons beaucoup.
Voici une journée avec elle.

Il est sept heures du matin quand le balancement du chat fait céder la porte du réfrigérateur. Il faut nourrir son miaulement intensif. Le jour se dessine à peine. C’est d’abord une longue hésitation avant de mettre le pied hors du lit. Une respiration et le dessin savoureux des contours de mon amour. Un jeu avec ses boucles. Caresser son front pour rassurer son sommeil.

Direction la cuisine. Le chat est fier de sa victoire sur la technique réfrigérée. J’extrais sa nourriture divine. Puis c’est mon tour. Un verre de jus d’aloe vera. Dégustation d’une banane avec vue sur les suites du Lutétia. Impatiences de l’histoire.
Entre les tas de livres, les rangements hasardeux dans ce petit carré d’intimité, il faut trouver la tenue corporate : celle parfaite pour le travail du moment. Quel est-il déjà ? Après avoir été une demi-douzaine de fonctions : professeur à la fac, magasinière à l’ancienne BNF, surveillante, programmatrice d’un festival international, secrétaire de rédaction, rédactrice en chef, expert médias (au Kosovo, pour différentes structures – expertise que je continue toujours), chasseuse de têtes dans la finance… Aujourd’hui, je suis chargée de communication pour un grand groupe (oui inscrit au Cac40). Une gestion transversale pour trente-deux entités à travers le monde, à peu près 8000 personnes (pardon collaborateurs) à travers le monde. Sans compter les 1000 sur place.
Enfilons les chaussures. Direction la ligne 13. Duroc – Châtillon Montrouge. Le temps d’écouter les podcasts du Collège de France ou quelques leçons de Japonais ou quelques variations classiques. Détournement de la raison. Continuité des rêves, et écriture automatique pour avancer les projets de romans, d’essais.
Nous y sommes, prenez la sortie droite. Marchez deux cents mètres. Levez la tête. Oui le pâté de maison en verre, c’est là. Deux immenses building se dressent reliés entre eux par des passerelles situées au quatrième et au septième. Aucune certitude sur ce point architectural. Après quatre mois d’exploration, je me perds encore.
Badge nominatif d’accès aux locaux. « Quatrième étage, ouverture porte » annonce l’ascenseur. À nouveau le badge. À gauche au bout du couloir. Mon alvéole partagée, avec vue sur les trains en partance et ceux en réparation. Echangeur entre métro et RER. Fascination du mouvement.
9 h : l’heure de découvrir les courriels. Innombrables. Le téléphone sonne « les gels hydro-alcoliques sont prêts », il faut lancer la communication et faire l’affichage dans les locaux. C’est parti pour une promenade en étages et en couloirs.
Retour à 10h30, heure naturelle pour le café partagé entre collègues et énumérations des problématiques d’actualité. Trop tard, la cafétéria sympathique est fermée. Il faut se rabattre sur celle des étages.
10h45 : reprendre les problématiques, traduire les performances clefs à atteindre. Travailler en parallèle sur la communication financière pour manager. Penser à faire la publicité pour le mois de la santé et la participation possible aux comptes d’actions d’entreprise.
11h : débarquement directionnel. Vous avez une heure pour préparer un pot de départ. Champagne, fleurs avec les directeurs et managers.
11h05 : direction les rayons d’une grande surface. Champagne et autres mignardises.
11h35 : il faut trouver un réfrigérateur
11h45 : redescendre pour acheter des fleurs
11h55 : faire l’installation
11h57 : adresser l’invitation aux directions
12h : faire sauter les bouchons de champagne
12h30 : se dire « je suis en retard pour la réunion à Matignon ».
12h45 : rangement de la salle et départ pour Matignon.
13h30 : assister à la réunion autour de ce qu’il convient de nommer la « corporate responsability »
14h30 : métro en sens inverse, revenir à Châtillon
15h : revenir sur les chiffres, prévoir le séminaire de la direction
15h30 : répondre enfin aux messages des collaborateurs, préparer les éléments chiffrés pour la convention d’octobre.
16h : expliquer que les gels sont installés avant l’entrée dans les bureaux et que l’on peut ouvrir les portes avec les coudes, si on craint de se voir contaminé par une poignée de porte « souillée ».
16h15 : s’autoriser un détour sur ma boîte personnelle de courriels afin de répondre aux urgences des expertises pour les autres structures (notamment le Festival Villes & toiles qui a lieu sous peu de temps).
16h30 : conférence téléphonique sur les fonctionnalités du site internet pour l’enquête internationale déterminante pour mesurer l’engagement des collaborateurs.
17h30 : fin de la conférence. Direction la réunion « PCA » en salle du conseil.
17h35 : attendre devant la salle. Une pause « thé » s’impose. Passer des coups de fils. Consulter mes courriels via mon téléphone. Saluer la technologie.
18h15 : début de la réunion. Mise en place de pourcentages croisés. L’activité de l’entreprise peut-elle se poursuivre en cas d’absence des effectifs ? Quelles sont les solutions ? Suivre les législations, s’informer, se contrarier. Sommes-nous dans le cadre d’une prédiction auto-réalisée ? Comment communiquer en cas d’urgence ?
19h30 : fin de la réunion
19h40 : retour au bureau. Souffler, trier les urgences pour demain.
20h30 : retrouver mon amour devant un dîner libanais et des amis avant d’aller au cinéma. Souffler et poétiser.
00h30 : retour à la maison. C’est l’heure des expertises : gérer les blogs, programmer les actualités, parfois prendre le temps d’écrire quelques lignes romanesques, se bouleverser les neurones sur des essais. Ecouter les créations musicales de mon amour. Tendre l’oreille à ses nouveautés. Être fascinée, envoûtée.
2h : mon heure limite. L’intimité reprend ses droits.

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